🎞️ elisa, 26 ans, activiste, photographe & vidéaste 🎞️
A l’aube de mon vingt-sixième été, J’ai tendance à penser que la plus grande souffrance de notre époque est bien la solitude...
Ne crevons-nous pas toutes et tous d’amour ?
J’aime à croire que l’être humain peut parvenir à s’ouvrir à d’autres points de vue que les siens s’il se sent écouté, compris et...aimé.
L’amour serait donc notre plus grande clé de mobilisation ?
peut être.
je mêle aujourd'hui cette philosophie avec ma passion pour l’image en partant à la rencontre des acteur.ices des luttes : celles qui étouffent, ceux qui respirent à nouveau.
visibiliser leur réalité, leurs émotions.
Tenter de retisser du lien.
Montrer qu’au marathon de la vie, on ne démarre pas toutes et tous au même niveau, on ne rencontre pas les mêmes obstacles.
Mais que nos sources de bien-être convergent.
qu'au fond, on reste tous cet enfant qui cherche à appartenir à un groupe, qui cherche "simplement" l'amour des autres.
Détricoter pour renouer...
l'hiver dernier m’a fortement marqué par plusieurs semaines passées auprès des personnes exilées qui traversent la frontière franco-italienne.
Clavière - Montgenèvre, une énième traversée de l’enfer.
Au yeux de la France, cette frontière ne doit pas être franchie quand on a pas les "bons papiers".
Courses poursuites, drones, lunettes thermiques, on interpelle, on repousse, on condamne des vies. Chaque nuit dans les montagnes, des dizaines de personnes mettent leur corps en danger pour espérer un jour, pouvoir mener une vie digne.
un véritable cauchemar Au coeur de ces chemins à 2000 mètres d'altitude.
De retour à Lyon, je me suis ensuite beaucoup investie sur la lutte contre la pollution aux PFAS (polluants éternels) : tournages avec les habitant.es de Pierre-Benite, campagne d’affichage dans la ville, interpellation de nos députés et sénateurs, promotion des manifestations… autant d’actions qui contribuent à alerter le grand public sur l’urgence de cette contamination planétaire.
𓅮 un petit peu + sur mon parcours 𓅯
Il y a un an s’achevait ma mission de service civique chez Action Justice Climat lyoN (ex. Alternatiba).
Trois ans après être sortie d’école de commerce... Prestigieuse institution où l’on t’apprend aveuglément, sourdement, à rentrer dans la matrice pour en faire ressortir des jouissances individuelles.
À l’issue de cela, deux choix s’offrent à toi :
- prendre part à un système mortifère
- ou pallier ses conséquences.
Aux plaies qu’il ouvre, aux séquelles qu’il enveloppe.
Inconsciemment à l’époque (diplôme en main), l’appel d’un projet politique SEMBLE m’offrIR une troisième voie.
redéfinir ce que l’on met derrière le mot valeur;
raccourcir nos chaines de valeur;
décentraliser nos échanges, s’émanciper des acteurs centraux qui contrôlent et dirigent nos vies;
retrouver notre souveraineté.
Les visières semi-relevées, il y avait de l’idée.
MAIS Retrouver la souveraineté de nos échanges demande aussi à ce que l’on travaille sur l’intention de ceux-ci. et NON uniquement sur l'outil qui leur permet d'exister.
Sans quoi, nous ne ferions que répliquer les perversités du système actuel.
Un système profondément injuste dans lequel la valeur n’a d’égal que l’argent.
VIENT ALORS LE RÉVEIL.
Petit à petit, les visières tombent.
Le regard de plus en plus éloigné de cet écran qui rythmait chaque journée.
Un réveil basé sur des constats :
Nous détruisons les milieux et tout le vivant qui nous entoure.
Nous participons à notre extinction, chaque minute.
Nous sommes déconnecté.s les un.es des autres.
Nous avons peur de l’autre. Mais nous voulons lui plaire.
Nous nous façonnons. Mais nous nous plaisons peu.
Nous nous essoufflons. Mais nous ne prenons plus l’air.
Nous ne prenons plus le temps.
Le temps d’écrire. Le temps de lire. Le temps d’observer. Le temps de penser. Le temps de prendre soin.
Le temps de sourire. Le temps de remettre en question. Le temps de créer. Pour soi.
La création n’est devenue légitime que pour celles et ceux que l’on désigne artistes, artisans ou…entrepreneurs.
J’ai quitté mon premier poste à la fin de l’été 2022.
novembre 2022.
DÉBUT DE MON SERVICE CIVIQUE auprès du GROUPE LOCAL ACTION JUSTICE CLIMAT LYON POUR coordonner l'organisation du PREMIER CAMP CLIMAT URBAIN.
je commence a prendre conscience de l'arène dans laquelle on vit.
Sortir l’écologie des classes privilégiées.
L’écologie, c'est la science qui étudie les relations entre les êtres vivants (humains, non-humains, végétaux, micro-organismes) et leur environnement.
Pourquoi en a-t-on fait une affaire de bobo ?
À raison. Le mouvement climat a un vrai défaut : il n’est pas populaire.
Les classes populaires sont les premières victimes des effets de la catastrophe environnementale : les quartiers en périphérie des villes sont les territoires les plus pollués, les plus exposés au bruit, à la chaleur. les quartiers où l’alimentation est la plus industrialisée.
Comment prendre position contre celles et ceux qui oppriment et détruisent la terre en étant constamment rappelé que cette terre ne nous appartient pas ?
Nous politiser.
La politique. Un sujet réservé aux adultes ennuyeux ? En voilà une belle entorse de notre ère.
L’ensemble des choix qui dessinent les contours, l’organisation de nos vies sont politiques.
Les aliments qui nous nourrissent, l’eau que nous buvons, notre rapport au travail, le temps dédié à créer, l’épaisseur des fenêtres de nos apparts, le prix d’un tgv Lyon-Paris, nos relations à nos égaux...à nos égos....tout cela résulte de choix auxquels nous devons toutes et tous prendre part.
Sinon les questionner, les rejeter, les réinventer car ils menacent nos vies.
Notre pouvoir politique individuel se voit pourtant muselé...
Muselé parce que menaçant…
Lorsque l’on s’en empare, que l’on décide de faire autrement, de questionner l’organisation de nos vies, de rejeter les conventions, de bloquer ce que l’on trouve injuste, absurde ou mortifère, des sourires, des liens, de la joie et de la confiance réapparaissent.
Flippant non?
Muselé parce qu’utile au développement du système colonial-capitaliste.….
Parce que le système qui trie entre les vies qui comptent et celles qui ne comptent pas, entre ceux qui ont le droit de respirer et ceux qui étouffent, est le même que celui qui détruit le vivant partout dans le monde.
Il est temps de détricoter le monde.
La question écologique est d’abord celle de l’ancrage territorial et de l’accès au pouvoir politique. Pour toutes et tous.
Faisons tomber les barrières.
Recréons autre chose. Un autre chose heureux, juste, à l’écoute des uns des autres. Connectés au vivant qui nous entoure.
Au vivant qui nous tient encore en vie.
Organisons-nous ensemble et continuons de dénoncer, alerter, nous opposer et bloquer les projets économiques et politiques qui participent à la destruction du vivant.
Et de facto au renforcement des inégalités sociales.
À l’échelle de la vie humaine, la démesure de notre confort individuel est infantile.
Vaut-elle vraiment le prix de ce qu’elle anéantit ?
Le culot et l’école de la vie sont aujourd’hui mes partis pris.
Les récits nous façonnent mais peuvent aussi nous servir de base critique.
Nous permettre de rebondir, remodeler ce qui nous dérange, ce qui nous fait peur, ce qu'on voudrait faire exister.
Alors, viens on tente le tout pour le tout ?